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Vincenzo Misonne
Henri de Berghes, évêque de Cambrai au début du XVIe siècle, affirme qu'aucune église dans le monde ne peut surpasser Cambrai pour le haut niveau des chantres et de l'éducation musicale qui y est dispensée.
Vincent Misonne, d'origine cambrésienne était chanoine. C'est la seule fonction qui lui était attribuée lors de l'inventaire des biens dressé à l'occasion de son décès survenu le 5 avril 1550.
Né vers 1490, il semble que le compositeur, prêtre, n'ait été pourvu d'une charge pastorale que vers 1520, âgé d'une trentaine d'années. En réalité, on trouve trace de celui-ci à Rome où il se trouve depuis 1515 en tant que notaire apostolique, et c'est par bulles interposées qu'il se voit décerner les prébendes de beaucoup de paroisses. Cependant deux paroisses lui sont confiées dès 1519, année qui marque son retour à Cambrai après avoir passé cinq ans auprès de Léon X.
Le premier acte pontifical connu concernant Vincent Misonne date du 7 août 1515. Il se voit nommé recteur d'une partie de l'église d'Anvers et se voit conférer le titre de notaire apostolique.
Son parcours est identique à celui de Jean Mouton, beaucoup plus âgé et compositeur préféré du Pape Léon X Médicis, parfois surnommé le protecteur des arts, homme de culture et grand mécène.
Même s'il a pratiqué la composition tout en assurant la fonction de chantre et de petit vicaire à l'église métropolitaine de Cambrai, Vincent Misonne laisse à Rome l'intégralité de ses oeuvres connues.
Sur les trois messes que nous connaissons, Missa de Beata Virgine, Missa Gracieuse plaisant et Missa Que n'ay-je Marion, deux font appel à un cantus firmus profane, ce qui n'était pas rare à l'époque.
La messe Gracieuse plaisant va beaucoup plus loin qu'une simple citation fidèle du cantus firmus, et tient davantage de la messe parodie, le procédé est audacieux pour l'époque. Notons que le titre de la Missa de Beata Virgine trahit les origines et les coutumes liturgiques de Misonne par l'orientation dédicatoire que le titre dégage. Cambrai, en effet, développe un culte important à la Vierge.
La style de Vincent Misonne ne sort pas des canons habituels. Le contrepoint utilisé exclut pratiquement les passages homorythmiques. Le compositeur s'inscrit dans la tradition des franco-flamands des années 1490-1520.
Outre sa vie de compositeur, il occupe des postes prestigieux au cœur des relations diplomatiques et de la vie artistique qui entourait la cité pontificale.
Son œuvre est réduite et sans doute sans commune mesure avec son contemporain, le grand Josquin, mais sa vie diplomatique et artistique en font un personnage important de son époque. « Entre composition et diplomatie, la musique commence là ou s'arrête le pouvoir des mots » (Richard Wagner).
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Sources :
Johan Guiton - Vincenzo Misonne : Clerico cameracensis diocesis - dans Ars musica septentrionalis - De l'interprétation du patrimoine musical à l'historiographie - Barbara Haggh & Frederic Billiet (dir.) - 2011 - pp. 159-166 (voir ci-dessous).
Vincent Misonne - Photographie de la 1re page de la partition originale de Missa Gracieuse plaisant, conservée à la Bibliothèque apostolique Vaticane.
Wikipedia
Les manuscrits musicaux du Moyen Âge conservés dans le nord de la France méritent l’intérêt porté sur eux par les plus grands musicologues. Au XIXe siècle, Charles-Edmond de Coussemaker réunissait les plus beaux exemplaires des livres de chant et des traités musicaux qui témoignent encore de l’intense activité des abbayes d’Anchin et de Saint-Amand : le présent ouvrage lui rend hommage. Cet héritage a permis aux spécialistes de poursuivre les recherches, de cataloguer les manuscrits, et d’étudier les notations musicales, les enluminures, les œuvres polyphoniques profanes et sacrées, les textes des chansonniers et les traditions d’interprétation. Cet ouvrage est un complément indispensable au magnifique catalogue des manuscrits qui ont été exposés lors du colloque international organisé par l’université Paris-Sorbonne et Ad Fugam dans le cadre du projet européen Cantus 21 de valorisation du patrimoine musical régional.